Selon des économistes indonésiens, la déclaration commune du G20 sur la restructuration de la dette des pays pauvres est insuffisante. Il faudrait l’effacer totalement en échange de la conservation de l’environnement. Mais cette fausse bonne idée, explique “Koran Tempo”, ne ferait qu’alourdir la dette de ces pays.

Courrier International“Payer la dette avec la conservation de l’environnement”, titre Koran Tempo au lendemain de la clôture du sommet du G20 qui se tenait sur l’île indonésienne de Bali. À la une, le quotidien publie le dessin d’une planète en forme de lourde bourse en tissu. Sur celle-ci poussent des arbres et des éoliennes, tandis qu’une femme pédale à vélo et qu’un homme semble lever les bras en signe de victoire.

“Nous nous engageons à aider tous les pays vulnérables à se rétablir ensemble, à se rétablir plus fort”, stipule le point 33 de la déclaration commune des dirigeants du G20.

Les leaders du G20 ont salué l’engagement des pays riches à prêter 81,6 milliards de dollars aux pays pauvres par l’intermédiaire du Fonds monétaire international. Cette somme a pour but d’aider les nations les plus vulnérables face au changement climatique en leur accordant des crédits. À Rome, en octobre 2021, un objectif de 100 milliards de dollars avait été fixé.

Effacement total

Mais, déjà, plusieurs économistes indonésiens dénoncent ce mécanisme. Ils estiment qu’un report de la dette des pays à faibles revenus ne fait qu’alourdir ses coûts de remboursement, en particulier dans un contexte de hausse des taux d’intérêt à l’échelle mondiale. Contacté par Koran Tempo, le directeur du Centre d’études économiques et juridiques (Celios) indonésien, Bhima Yudhistira, explique :

“Les pays développés apportent une aide à la transition énergétique, mais cette aide s’effectue sous forme de prêts, alors qu’elle devrait être orientée vers l’allégement de la dette des pays pauvres ou en développement. C’est un paradoxe.”

Face à ce risque de perpétuation du cycle infernal de l’endettement, il propose que “la dette des pays pauvres soit totalement annulée”. “En échange, ces pays s’engageraient à mettre en œuvre des programmes de gestion de la crise climatique.”

Dans un autre article, le quotidien présente un exemple édifiant de la situation en Indonésie, dont la dette reste pourtant maîtrisée. Les pays du G7 ainsi que le Danemark et la Norvège ont convenu d’aider à accélérer la transition énergétique dans le pays par le biais du Partenariat pour une transition énergétique juste (Just Energy Transition Partnership ou JETP). “Ils vont fournir 20 milliards de dollars au cours des trois à cinq prochaines années pour financer des projets qui soutiennent la réduction des émissions dans le pays. L’une d’entre elles est la fermeture anticipée des centrales à charbon.”

Andri Prasetiyo, chercheur au sein d’une organisation indonésienne pour la transition énergétique, souligne que ce plan nécessite des fonds considérables : entre 400 et 450 millions de dollars pour fermer une seule centrale. “[Il] espère que le gouvernement est conscient du risque d’endettement lié à ce programme”, note Koran Tempo.

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Photo: Marcin Jozwiak/Pexels